36.15 à la casse

Après plus de trente ans de service, le minitel est voué à disparaître le 30 juin. C'est dans une entreprise de Haute-Garonne que le petit cube en plastique termine sa première vie.

 36.15 à la casse

    «J'ferai plus le 36.15 Ula », promettaient les Inconnus en 1992 dans leur chanson « C'est toi que je t'aime ». Cette fois, c'est sûr. Officiellement débranchés le 30 juin, tous les minitels de France sont voués au démantelèment dans une entreprise de Portet-sur-Garonne (Haute-Garonne). Révolutionnaires au début des années 1980, ces drôles de téléviseurs qui permettaient de chercher des numéros de téléphone et des adresses, mais également de jouer en ligne ou profiter des charmes de jeunes femmes sexy, n'a pas résisté à la concurrence d'Internet. Alors que 9 millions de foyers et entreprises étaient encore équipés du petit boîtier marron et beige au début des années 2000, depuis les connexions n'ont cessé de chûté.

    Une seconde vie

    C'est pourquoi Orange a décidé de mettre le minitel hors service. L'opérateur téléphonique a envoyé en mars une lettre à tous ses utilisateurs, les invitant à déposer leurs terminaux en boutique ou dans un relais Kiala. De là, ils sont regroupés dans un dépôt à Montauban (Tarn-et-Garonne), avant de finir sur la chaîne de destruction d'Envie 2E Midi-Pyrénées, l'entreprise chargée de leur recyclage. « Ici, ce n'est pas un cimetière, mais plutôt un centre de réincarnation », sourit Franck Zeitoun, son directeur.

    Sur les 700000 minitels encore en marche recensés par Orange, 400000 sont déjà tombés sous les coups de marteau de ses employés. Deux frappes puissantes sur la carcasse, et voilà les circuits imprimés et les tubes qui s'échappent de l'écran. « On fait tout à la main, c'est très physique », souffle un technicien. Les éléments violemment arrachés sont ensuite minutieusement triés. Car 90% des pièces, envoyés dans différentes usines de retraitement, trouvent une seconde vie. Le plastique sert à fabriquer des pare-chocs de voiture ou des porte-manteaux, le verre broyé à l'enrobage des routes, et les cartes à puce alimentent d'autres appareils électroniques. Mais, pour ceux qui auraient une âme de collectionneur, rien n'oblige à envoyer votre joujou à la casse.

    Orange a confirmé qu'il n'y avait aucune obligation à rapporter son minitel. Car, si aujourd'hui ce petit cube en plastique se vend en moyenne 20 â?¬ sur eBay, qui sait ce qu'il vaudra dans vingt ans?