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Et Cannes créa le tout-puissant Harvey Weinstein

En 1994, avec la Palme d’or décernée à « Pulp Fiction », l’Américain devient un empereur de la production. En 2017, on découvre l’envers du décor.

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Publié le 04 mai 2018 à 14h53, modifié le 07 mai 2018 à 19h39

Temps de Lecture 17 min.

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Harvey Weinstein, Uma Thurman, Quentin Tarantino et le cast de « Pulp Fiction », Palme d'Or 1994.

Dans l’après-midi du lundi 23 mai 1994, Gilles Jacob, délégué général du Festival de Cannes, s’isole dans la villa de Mougins (1 800 mètres carrés avec piscine, practice de golf et roseraie), occupée par Clint Eastwood, président du jury. Dans la salle à manger, le sort de la 47édition vient d’être scellé. « Assurez-vous que l’équipe du film soit présente ce soir », demande-t-il sans plus de précision au téléphone à Jean-Pierre Vincent, attaché de presse français de Pulp Fiction, qui s’empresse d’annoncer la nouvelle aux intéressés.

Mais, sur la Croisette, le producteur délégué du film de Quentin Tarantino patiente difficilement. Harvey Weinstein fume cigarette sur cigarette, fait sauter le bouchon de ses tubes de Smarties et compose frénétiquement le numéro de Jean-Pierre Vincent : « Alors ? Alors ? Tu en conclus quoi ? », répète-t-il sans obtenir de réponse.

A 19 heures, la bande de Pulp Fiction s’installe à l’orchestre de l’auditorium Louis-Lumière du Palais des festivals. Un rang presque entier lui a été attribué. « Harvey Weinstein a tendance à venir avec le plus de gens possible pour occuper un maximum le tapis rouge », raconte Jean-Pierre Vincent. Jeanne Moreau ouvre la cérémonie de clôture. Les premiers prix défilent.

Dans un murmure tonitruant, Weinstein se penche vers Tarantino : « Tu penses que tu vas avoir le prix du meilleur scénario ? » Mais c’est Michel Blanc qui monte sur scène pour Grosse fatigue. « On se dit que le film va sans doute avoir un prix global pour les acteurs, raconte Jean-Pierre Vincent, puisque Gilles Jacob a lourdement insisté sur leur présence. » Mais non.

Passent les prix du jury et de la mise en scène. Les remous de Weinstein, qui comprend ce qui se passe, font tressauter son rang : « Tu as remporté la Palme, bordel ! » Tarantino se décompose. Depuis une semaine, il est convaincu que Trois couleurs : Rouge, de Krzysztof Kieslowski, sortira vainqueur.

Le prince de Cannes 1994

Après un Grand Prix du jury ex aequo pour le favori, Soleil trompeur, de Nikita Mikhalkov, et Vivre !, de Zhang Yimou, Clint Eastwood s’avance sur scène. Pour ménager le suspense, il déplie des feuilles blanches : « The Palme d’or… » Tapote ses pages : « goes to… » Les ajuste une dernière fois : « Pulp Fiction », pulse-t-il. La rangée exulte. Lawrence Bender, producteur exécutif et ancien danseur de tango, décolle. Weinstein bondit de tout son poids sur Tarantino, qui tape dans les mains de ses acteurs. Une admiratrice de Mikhalkov hurle au scandale. Tarantino répond par un doigt d’honneur et se lance dans un discours enjoué qu’il conclut en remerciant les frères Weinstein : « Merci de me soutenir à 100 % et de m’avoir permis de faire le film que je voulais faire. »

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