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«Toutes ces polémiques sont irresponsables»

Claude Guéant souhaite que «la France soit plus unie dans l'affirmation des valeurs républicaines». Jean-Christophe MARMARA/JC MARMARA/LE FIGARO

INTERVIEW - Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, revient sur la tuerie de Toulouse et fustige les critiques «inspirées par des considérations politiciennes».

LE FIGARO.- Quel bilan tirez-vous des drames de Toulouse et Montauban?

Claude GUÉANT. - Ces événements nous rappellent que la menace terroriste plane toujours sur notre pays. Le plus souvent, nous avons affaire à des individus qui travaillent en groupe, se rencontrent et se parlent. Dans le cas particulier de Montauban et de Toulouse, nous avons eu à affronter une menace d'un autre ordre. Mohamed Merah était un terroriste agissant seul, ce que les spécialistes appellent un «loup solitaire». C'est la première fois que la France est confrontée à ce type particulier d'action, très difficile à anticiper parce qu'individuelle.

La gauche accuse la police d'avoir tardé à démasquer le présumé coupable. Que répondez-vous?

J'appelle chacun à la dignité et au respect. N'oublions pas qu'il y a eu sept victimes, dont trois jeunes enfants. Il est inacceptable de remettre en cause l'efficacité de la police. Nos services sont très actifs dans la lutte contre le terrorisme et reconnus mondialement. La meilleure preuve, c'est que, depuis l'attentat de Port-Royal en 1996, malgré une menace grandissante, nous n'avons plus connu d'attentat en France, contrairement à d'autres pays. Et si nous avons été préservés, c'est que nous avons déjoué nombre de projets et arrêté ceux qui comptaient les commettre. Depuis 2007, 1473 terroristes ont été interpellés et 392 écroués. Actuellement 243 individus sont sous les verrous pour des faits de terrorisme.

Était-il possible d'interpeller Mohamed Merah préventivement?

En France, on n'interpelle pas les gens pour délit d'opinion. Ce n'est pas parce qu'il fréquentait des salafistes qu'il pouvait être arrêté. Ni lui ni ceux qu'il fréquentait n'avaient jamais donné le moindre signe de dangerosité.

Merah figurait pourtant sur les listes «no fly» des États-Unis. De telles mesures auraient-elles pu être prises en France?

Les Américains ont pour habitude d'inscrire beaucoup de personnes sur ces listes, notamment toutes celles qui se rendent en Afghanistan et au Pakistan. Mais je rappelle que cet homme était français et qu'il était par conséquent impossible de lui interdire de se déplacer en France.

Certains disent qu'il aurait fallu donner la direction des opérations à la Justice…

Les enquêtes judiciaires se font sous la direction du parquet. Le président m'a confié la coordination des services de police. C'est ce que j'ai fait. En accord avec le parquet, souvent même en sa présence. Et c'est un juge des libertés qui a autorisé les perquisitions de nuit. Chacun a joué son rôle. D'ailleurs, qui aurait compris que, sur une telle affaire, le gouvernement se soit tu?

Le fondateur du GIGN, Christian Prouteau, regrette qu'on n'ait pas eu recours au gaz pour endormir le forcené.

Ce sont des moyens illégaux. Cette technique est proscrite par les conventions internationales parce qu'elle a fait par le passé de nombreuses victimes. Toutes ces polémiques entretenues par des gens qui ne connaissent rien de cette affaire, qui n'ont pas été sur les lieux ni entendus les conversations de la police avec l'assassin sont irresponsables. Les hommes qui ont conduit cette opération sont de très grands professionnels, d'un courage à toute épreuve tout comme le sont les militaires du GIGN. Vouloir les opposer est méprisable.

Le PS dit qu'il ne votera pas la loi voulue par Nicolas Sarkozy pour sanctionner plus durement les comportements radicaux. Qu'en pensez-vous?

La gauche dit toujours qu'on n'en fait pas assez et, en même temps, refuse tous les moyens qui permettent d'accroître l'efficacité de la police. Elle a voté contre le fichier national des empreintes génétiques. Elle est contre le projet du gouvernement visant à renforcer la lutte contre la fraude identitaire, alors que les terroristes profitent toujours de cette faille. L'actualité révèle pourtant un besoin permanent d'adapter nos législations aux menaces criminelles. Le président propose ainsi de créer plusieurs délits pour la participation à des sessions d'endoctrinement à des idéologies qui incitent au terrorisme pour la consultation habituelle de sites qui font l'apologie du terrorisme.

Pas facile de définir la notion d'habitude…

Ce n'est pas parce que c'est difficile qu'il ne faut rien faire. Donc, nous le ferons. De même, les publications qui prônent la haine, le djihad, vont passer sous le régime du Code pénal, alors qu'elles ne sont visées actuellement que par la loi sur la presse.

La politique a repris ses droits. Avez-vous un message à adresser?

Je trouve déplacées les critiques qui sont manifestement inspirées par des considérations politiciennes. Pour ma part, j'ai un vœu à exprimer: que la France soit plus unie dans l'affirmation des valeurs républicaines. Ce qui veut dire, l'humanisme, les droits de l'homme, la laïcité, le refus des communautarismes.

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542 commentaires
  • stavros k.

    le

    La récupération politique de cette histoire est inexcusable. Je comprends que les socialistes s’agitent mais ils doivent comprendre que ce n’est pas une loi ou une disposition qui a permis la localisation du terroriste mais le témoignage du concessionnaire des motos qui a alerté la police et le croisement des informations, divers témoignages du public, … Par la suite, la gestion des interventions aurait donné une chance au forcené de se rendre sans plus de dégâts. Ce dernier ne l’a pas saisi. Voilà tout. Les socialistes cherchent toujours à récupérer la quintessence de ce qui peut l’être … bravitude oblige. Ce n’est pas une disposition légale qui permet l’arrestation d’un fanatique armé jusqu’aux dents mais le courage (mot que les socialistes caviars ne connaissent pas) des témoins et l’engagement des forces de l’ordre sur le terrain au péril de leur vie. C’est ce courage et cette abnégation qui ont permis la résolution de l’affaire et de rassurer la population. C’est ce que le français auront retenu enfin de compte. La chaîne d’information et celle du commandement ont bien fonctionné conjointement. Les socialistes, dans leur pia-pia intellectuel pensent qu’il suffit de faire des lois géniales pour tout résoudre. Non ! Sans la participation et le témoignage de la population, le travail des forces de l’ordre ne serait pas efficace. Dans une affaire de ce genre, population et forces de l’ordre doivent aller dans le même sens parce que chacun comprend quel est l’intérêt commun. C’est ce qui s’est passé. Il y a eu cohésion. Eh, oui, les socialistes doivent l’admettre Ils n’y sont pour rien dans la résolution de cette affaire. Je les imagine mauvais, renfrognés, soupçonneux, obscurs de ne pas avoir pu optimiser la récupération politicienne de cette affaire et revenant bredouilles à leur bercail. Pas de quoi se glorifier parmi les proches n’est-ce pas ? Plus ringards qu’eux tu meurs. Veuillez bouger un peu les socialos vous nous cachez la lumière. Sarkozy est beaucoup plus crédible que vous. Vous pouvez vociférer autant que vous voulez c’est Sarkozy qui sera réélu.

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