Le maire de Saint Gervais Jean-Marc Peillex vient d'engager coup sur coup des poursuites judiciaires contre une légende vivante de l'alpinisme, le guide Christophe Profit (pour avoir retiré des pieux à neige sur la voie normale du Mont Blanc) et contre deux jeunes alpinistes autonomes (pour avoir osé effectuer l'ascension en autonomie, hors saison d'ouverture des refuges et en bivouaquant). Et tout cela au prétexte de "défendre la montagne et l'alpinisme", et leurs "valeurs" – un argument médiatique qui ne peut tromper les véritables pratiquants et passionnés.

Ces dernières aventures judiciaires s'inscrivent en effet dans une escalade entreprise de longue date par le maire de Saint Gervais. Depuis son entrée en fonctions, Jean-Marc Peillex utilise "sa" voie normale du Mont Blanc comme tremplin politique et médiatique et fait tapage de tout et n'importe quoi, sans discernement, ni mesure, ni cohérence - quitte à multiplier les  "sorties de piste" et au risque de discréditer chemin faisant sa fonction d'élu.

Au fil des ans, Jean-Marc Peillex a ainsi désigné comme cibles : ceux qui font commerce de l'ascension du Mont Blanc (tout en l'utilisant lui-même comme pilier de son marketing touristique); de prétendus dévergondés venus au Mont Blanc "copuler en refuge" (une population vraisemblablement fantasmée mais qui, si elle existait, mériterait plus d'être honorée et étudiée scientifiquement  tant la performance serait ici considérable); les ressortissants de l'Est de l'Europe (présentés comme de "mauvais coucheurs" dans lesdits refuges); plus globalement, une masse indistincte "d'hurluberlus" coupables de ne pas "respecter" le Mont Blanc, la montagne et/ou l'alpinisme (argument fourre-tout permettant de désigner à la vindicte populaire et médiatique qui bon semble au maire de Saint Gervais au gré de ses coups de sang, et notamment des populations qui ne peuvent s'offrir à la fois une nuit hors de prix dans "ses" refuges et un encadrement professionnel).

C'est pourtant le même chevalier blanc de Saint Gervais, et père des "brigades blanches" qui contrôlent la voie normale, qui a autorisé un jour, par exemple, telle star du football à aller marquer un but en hélicoptère au sommet du Mont Blanc ; qui a défendu le maintien de la chasse à proximité immédiate du site classé ;   qui n'a finalement pas tenu son propre engagement de démonter le vieux refuge du Goûter qui décrépit toujours plus sur la voie normale ; ou encore qui a toléré voire soutenu un système de réservations professionnelles au refuge du Goûter finalement reconnu comme illicite et retoqué par l'Autorité de la Concurrence.

Les dernières "cibles" de Jean-Marc Peillex (un très grand guide et deux jeunes désargentés mais autonomes et enthousiastes), et les arguments servis à l'appui des poursuites engagées, dépassent la mesure.

Nous, alpinistes et montagnards passionnés, professionnels ou amateurs, réprouvons les débordements de Monsieur Jean-Marc Peillex, maire de Saint Gervais. La montagne que nous aimons et défendons est un territoire de solidarité, de responsabilité, d'intégrité, d'apprentissage et d'aventure – pas d'imposture ni de coercition et de judiciarisation abusives. Et ce sont ces valeurs-là que nous appelons Monsieur Jean-Marc Peillex à rejoindre, à respecter et à défendre, notamment en abandonnant ses poursuites judiciaires en cours.