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Jacques Loussier, pianiste et compositeur, est mort

Cet artiste inclassable a eu l’idée d’adapter le célèbre musicien classique Jean-Sébastien Bach en jazz, avec le trio Play Bach.

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Publié le 07 mars 2019 à 11h00, modifié le 07 mars 2019 à 11h00

Temps de Lecture 41 min.

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Le pianiste Jacques Loussier interprétant « Bach in jazz » pour la danseuse étoile Claude Bessy à l’Opéra-Comique, en décembre 1964.

Né à Angers le 26 octobre 1934, Jacques Loussier s’emballe très tôt pour le piano. Il n’y a pas de piano chez lui : « On était… comment dit-on ?, d’un milieu très modeste ». Il est mort le 5 mars 2019, à 84 ans. Histoire d’un humble qui a défrayé la chronique, faisant 80 fois le tour du monde et vendant plus de 8 millions d’albums. Il ne saurait y avoir de fumisterie sans feu.

A 16 ans, il entre au conservatoire, dans la classe d’Yves Nat. Conservatoire où il rencontre Jean-Pierre Eustache, flûtiste aussi admirable que discret. Lequel, dans un de ces liens d’amitié qui tricotent l’existence, lui envoie un télégramme pour se faire remplacer à Caen dans une brasserie où il faisait pianiste. Voilà comment Loussier devient « musicien de jazz ».

Il est loin d’être encore l’inventeur du fameux trio Play Bach. Au prix d’un calembour charmant, Jacques Loussier, modeste pianiste, interprète Jean-Sébastien Bach en mode swing. Ecoutez-le ce soir, ce Play Bach millésimé 1959. Jacques Loussier a 25 ans. Il fait trio avec Pierre Michelot à la basse (1928-2005) et Christian Garros aux drums (1920-1988). La fraîcheur, l’innocence, la naïveté vous surprendront. Vous chercherez à ne pas aimer. La musique vous rattrapera. Play Bach est un succès planétaire. Loussier tend une perche entre le plus haut classique et le jazz que l’on disait alors, gaillardement, musique de nègre, de sauvage, etc.

Jacques Loussier tend une perche entre le plus haut classique et le jazz que l’on disait alors, gaillardement, musique de nègre, de sauvage, etc.

Michelot, ce n’était pas rien. Le tandem Pierre Michelot-Kenny Clarke, c’est une révolution en jazz, et une université inespérée pour l’Europe. Le trio triomphe immédiatement. Les pianistes ne manquent pas à Paris : Martial Solal, Bernard Peiffer (1922-1976), Maurice Vander, René Urtreger, et même Henri Renaud qui devait préférer s’éclipser pour enregistrer ses illustres contemporains : John Lewis, Erroll Garner, pendant qu’impassible, Joe Turner jouait tous les soirs dans un bar de nuit, proche des Champs-Elysées, La Calavados. Quand Duke Ellington et Count Basie passaient en ville, ils ne manquaient pas d’aller le saluer. Sur un coup de cœur, un riche amateur lui avait offert une Chevrolet Impala mauve qui trônait devant le bar. Sinon, on ne comprend rien.

Vous aviez aussi Alain Goraguer, Emil Stern et ses « disques champagne » (« champagne music »), Roger Léovingu affairé à inventer sans le savoir la forme à venir, et déjà, Claude Bolling. Mais aussi, Aaron Bridgers et Art Simmons, pianistes du Mars Club où se présente, quelques mois avant sa mort, Billie Holiday : Mal Waldron au piano et Michel Gaudry à la basse. Vous aviez surtout, au Blue Note, rue d’Artois, Bud Powell qui jouait parfois tous les soirs. Bud Powell en personne.

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