- Le nombre de cas notifiés de COVID-19 est désormais en hausse partout dans le monde, en particulier en Europe et dans les Amériques.
- L’idée selon laquelle il faudrait atteindre une « immunité collective » en laissant le virus se propager a été évoquée récemment.
- Jamais dans l’histoire de la santé publique l’immunité collective n’a été employée comme stratégie face à une épidémie, ni a fortiori face à une pandémie.
- L’OMS a bon espoir que les pays appliqueront des interventions ciblées là où cela sera nécessaire et au moment voulu, en se fondant sur la situation locale. Nous comprenons bien la frustration que ressentent nombre de personnes, de communautés et de gouvernements face au prolongement de la pandémie et face à cette nouvelle hausse du nombre de cas.
- Il n’y a pas de raccourci, pas de remède miracle. La réponse réside dans une approche globale consistant à utiliser chaque outil dont on dispose.
Bonjour, bon après-midi ou bonsoir.
Le nombre de cas notifiés de COVID-19 est désormais en hausse partout dans le monde, en particulier en Europe et dans les Amériques.
Jamais le nombre de cas rapportés n’a atteint les records enregistrés ces quatre derniers jours.
Les hospitalisations et le taux d’occupation des lits en soins intensifs sont également en progression dans nombre de villes et de pays.
Cependant, il faut bien comprendre que cette pandémie présente un tableau contrasté.
Les pays ont réagi de différentes manières et n’ont pas tous été touchés de la même façon.
Près de 70 % de l’ensemble des cas signalés la semaine dernière dans le monde provenaient de 10 pays, et près de la moitié de tous les cas ont été relevés dans trois pays seulement.
Si certains pays sont confrontés à une recrudescence, de nombreux autres ont su empêcher une transmission à grande échelle en appliquant des mesures éprouvées de prévention et de lutte.
Ces mesures demeurent notre meilleur moyen de défense contre la COVID-19.
L’idée selon laquelle il faudrait atteindre une « immunité collective » en laissant le virus se propager a été évoquée récemment.
L’immunité collective est un concept utilisé pour la vaccination, selon lequel une population est protégée contre un virus donné une fois un certain seuil franchi.
Par exemple, l’immunité collective contre la rougeole est obtenue quand environ 95 % d’une population est vaccinée. Les 5 % restants sont protégés du fait que la rougeole ne se propagera pas parmi les personnes vaccinées.
Pour la poliomyélite, ce seuil est d’environ 80 %.
En d’autres termes, on obtient une immunité collective en protégeant les gens contre un virus et non en les y exposant.
Jamais dans l’histoire de la santé publique l’immunité collective n’a été employée comme stratégie face à une épidémie, ni a fortiori face à une pandémie. Une telle approche poserait problème du point de vue scientifique comme sur le plan éthique.
Premièrement, nous manquons de connaissances sur l’immunité à la COVID-19.
La plupart des personnes infectées par ce virus développent une réponse immunitaire dans les premières semaines, mais nous ne savons pas si elle est forte, combien de temps elle dure, ni comment elle se manifeste selon les personnes. Nous avons des indices, sans pouvoir appréhender l’ensemble.
Certains sujets ont même été infectés une deuxième fois.
Deuxièmement, dans la plupart des pays, la vaste majorité des gens restent sensibles au virus. Les enquêtes de séroprévalence indiquent que, dans la plupart des pays, moins de 10 % de la population a été infectée par le virus à l’origine de la COVID-19.
Laisser le virus circuler sans contrôle, cela revient donc à laisser libre champ à des infections, des souffrances et des décès inutiles.
De plus, même si le risque de maladie grave et de décès est plus élevé chez les personnes âgées ou présentant des affections sous-jacentes, ils ne sont pas les seuls sujets à risque. Des personnes de tous âges sont décédées.
Troisièmement, on commence seulement à comprendre les conséquences de la maladie sur la santé à long terme des personnes atteintes. J’ai rencontré des groupes de patients atteints de ce que l’on appelle désormais les « formes longues de la COVID-19 » afin de comprendre leurs souffrances et leurs besoins, pour faire progresser la recherche et la réadaptation.
Laisser se propager librement un virus dangereux encore imparfaitement compris serait tout simplement contraire à l’éthique. Nous ne l’envisageons absolument pas.
Mais bien des options s’offrent à nous. Il y a de nombreuses mesures que les pays peuvent prendre, et mettent déjà effectivement en œuvre, pour maîtriser la transmission et sauver des vies.
Il ne s’agit pas de choisir entre la libre circulation du virus et la fermeture de nos sociétés.
Le virus se transmet principalement entre contacts étroits et entraîne des flambées épidémiques qui pourraient être maîtrisées par l’application de mesures ciblées.
Il faut prévenir les événements ayant un effet d’amplification.
Protéger les personnes vulnérables.
Donner aux communautés les moyens d’agir, les éduquer et les associer à l’action.
Il faut aussi continuer d’appliquer les mêmes outils que ceux que nous préconisons depuis le premier jour : trouver, isoler, dépister et prendre en charge les cas ; rechercher leurs contacts et les placer en quarantaine.
C’est ce qui marche, comme on peut le voir chaque jour dans les pays.
Les technologies numériques, et notamment les applications mobiles de suivi des contacts, renforcent encore l’efficacité de ces outils éprouvés de santé publique.
En Allemagne, l’application Corona-Warn a permis de transmettre 1,2 million de résultats de test depuis les laboratoires jusqu’aux utilisateurs, en 100 jours d’activité.
L’application indienne Aarogya Setu a été téléchargée par 150 millions d’utilisateurs et a aidé les autorités de santé publiques municipales à déterminer les zones où des foyers épidémiques pourraient apparaître et à renforcer le dépistage de manière ciblée.
Au Danemark, plus de 2700 personnes ont bénéficié d’un dépistage de la COVID-19 suite à des notifications envoyées par une application mobile.
Enfin, au Royaume-Uni, le service national de santé a lancé une nouvelle version de son application de suivi de la COVID-19, téléchargée plus de 10 millions de fois au cours de la première semaine.
En plus d’avertir les utilisateurs d’une exposition potentielle à un cas positif de COVID-19, l’application leur permet de prendre rendez-vous pour un dépistage, de recevoir les résultats du test, de suivre les lieux où ils se sont rendus et d’obtenir les dernières informations sur les restrictions locales.
L’OMS collabore avec le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies pour aider les pays à évaluer l’efficacité de leurs applications numériques de suivi des contacts.
Ce n’est là qu’un exemple des mesures novatrices que les pays prennent pour juguler la COVID-19.
Nous disposons de nombreux outils. L’OMS recommande ainsi les mesures suivantes : recherche des cas, isolement, dépistage, soins compassionnels, recherche des contacts, quarantaine, distanciation physique, hygiène des mains, masques, hygiène respiratoire, ventilation, limitation des foules, etc.
Nous comprenons bien que certains pays en étaient arrivés à un stade où il n’ont eu d’autre choix que de décréter des confinements et d’autres mesures, pour gagner du temps.
De nombreux pays ont utilisé ce temps pour mettre au point des plans, former des agents de santé, se procurer des fournitures, augmenter leurs capacités de dépistage, réduire le temps de dépistage et améliorer les soins aux patients.
L’OMS a bon espoir que les pays appliqueront des interventions ciblées là où cela sera nécessaire et le moment voulu, en se fondant sur la situation locale.
Nous comprenons bien la frustration que ressentent nombre de personnes, de communautés et de gouvernements face au prolongement de la pandémie et à la nouvelle hausse du nombre de cas.
Il n’y a pas de raccourci, pas de remède miracle.
La réponse réside dans une approche globale consistant à utiliser chaque outil dont on dispose.
Ce n’est pas de la théorie : des pays l’ont déjà employée, d’autres l’appliquent aujourd’hui avec succès.
Le message que j’adresse aujourd’hui à chaque pays qui s’interroge sur la marche à suivre est le suivant : vous pouvez faire la même chose.
Je vous remercie.