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Peut-on transmettre le Covid-19 en étant vacciné ?

Jean-Michel Blanquer a affirmé un peu rapidement, mercredi, sur Franceinfo, qu’une personne vaccinée ne risquait plus de contaminer les autres.

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Publié le 29 juillet 2021 à 11h43, modifié le 29 juillet 2021 à 17h18

Temps de Lecture 4 min.

Le vaccin, un bouclier d’invulnérabilité ? C’est ce qu’a suggéré Jean-Michel Blanquer, mercredi 28 juillet, en présentant sa stratégie pour la rentrée scolaire, qui permettra aux élèves vaccinés de continuer à venir au collège et au lycée même si des cas de Covid-19 se déclarent dans leur classe. « Quand vous êtes vacciné, vous ne risquez pas de continuer à contaminer les autres », a expliqué le ministre de l’éducation nationale sur Franceinfo.

Interrogé par l’AFP sur sa déclaration, Jean-Michel Blanquer a fait savoir par son cabinet qu’il ne « sous-entendait pas dans ses propos qu’il y avait zéro risque de contaminer les autres ». C’est pourtant bien ce qu’il a dit. Le premier ministre, Jean Castex, avait, quinze jours auparavant, affirmé sur TF1 que les personnes vaccinées n’avaient « plus de chance d’attraper la maladie ». Des affirmations un peu rapides, en l’état des connaissances sur le virus, ses variants et les vaccins.

Pourquoi c’est contestable

Des contaminations rares mais pas inexistantes

Le niveau de protection conféré par les vaccins utilisés contre le Covid est, certes, très élevé. Selon les études disponibles à ce jour, le vaccin de Pfizer-BioNTech serait par exemple efficace à plus de 96 %, voire même 100 % chez les adolescents de moins de 16 ans.

Mais un adulte peut avoir reçu deux doses de vaccin et tomber quand même malade. Selon une note de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), 6 % des nouveaux cas enregistrés du 28 juin au 4 juillet en France concernaient par exemple des personnes complètement vaccinées. Un chiffre probablement sous-estimé car les vaccinés ont plutôt tendance à se faire moins tester que le reste de la population. Or, ces « porteurs vaccinés » du virus peuvent contaminer d’autres personnes.

Heureusement, les études suggèrent qu’ils ont un potentiel de contamination moindre que les porteurs non vaccinés. Notamment parce qu’ils auraient une charge virale plus faible. Une étude menée en Israël sur quelque 5 000 patients de tous âges a ainsi montré que la contagiosité était corrélée à la quantité de virus présente dans le nez.

Or, celle-ci est beaucoup plus faible chez les patients ayant reçu une dose de Pfizer depuis au moins douze jours que chez les non-vaccinés (3 à 4,5 fois moins). « Cela suggère que le portage nasopharyngé diminue fortement à mesure que la réponse immune induite par le vaccin se développe, interprète un groupe de chercheurs de l’Institut Necker. Mais à l’heure actuelle, personne ne connaît la quantité de virus minimale nécessaire à la transmission de la maladie. »

L’importance du temps

Il faut également rappeler que la protection offerte par un vaccin n’intervient pas immédiatement après l’injection car il faut du temps au système immunitaire pour optimiser ses défenses face au virus. D’ailleurs, la plupart des vaccins sur le marché nécessitent l’administration d’une deuxième dose en respectant un certain délai (trois à quatre semaines pour les vaccins à ARN messager de Pfizer et de Moderna, et deux à trois mois pour le vaccin à vecteur adénoviral d’AstraZeneca).

Pour une protection optimale, les autorités françaises recommandent également d’attendre un nouveau délai après l’injection de la dernière dose de vaccin (au moins sept jours pour ceux de Pfizer, de Moderna et d’AstraZeneca, et même quatre semaines pour le vaccin de Johnson & Johnson).

Une étude menée en Israël sur près de 600 000 personnes ayant reçu le vaccin de Pfizer confirme le rôle crucial joué par le temps, notamment pour les infections asymptomatiques, difficiles à détecter :

  • deux à trois semaines après la première dose, la fréquence des infections asymptomatiques n’est réduite que de 29 % par rapport à la population de contrôle non vaccinée ;
  • trois à quatre semaines après cette première dose, elle baisse de 52 % ;
  • après la deuxième dose, l’endiguement des infections monte à 90 %.

En clair, à mesure qu’elle avance dans son parcours de vaccination, une personne a de moins en moins de risque d’être infectée sans le savoir et de transmettre le virus.

L’inconnue des variants

A en croire les dernières données disponibles, le vaccin de Pfizer résiste pour l’instant globalement bien à tous les variants qui ont émergé jusqu’alors, de l’Alpha (découvert en Angleterre) au Delta (en Inde). L’efficacité de son concurrent d’AstraZeneca, elle, ne dépasserait pas 60 % contre le variant Delta. Cela représente un risque non négligeable pour les personnes – âgées le plus souvent – qui ont reçu ce vaccin et pour leur entourage, si elles sont contaminantes.

Le variant Delta affaiblit légèrement les vaccins, qui demeurent assez efficaces

Niveau d'efficacité des trois principaux vaccins distribués en France face aux infections symptomatiques de deux variants du Sars-CoV-2.

La durée de l’immunité

Reste la question de la durée de la protection conférée par un vaccin : si l’immunité décroît au bout de quelques mois, il redevient alors possible d’être contaminé par le coronavirus ou par ses variants sans le savoir.

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Sur ce point, les données sont pour l’instant plutôt rassurantes. Une étude publiée fin juin dans la revue Nature montre ainsi que la réponse immunitaire des personnes complètement vaccinées par le vaccin de Pfizer reste forte pendant au moins quinze semaines après la première dose (sur un échantillon limité de quatorze personnes vaccinées).

Mais, là encore, cette efficacité est théorique face à l’apparition de variants et aux réactions diverses qu’ils peuvent susciter selon l’état de santé ou l’âge. Pour toutes ces raisons, les autorités sanitaires recommandent une combinaison vaccination-gestes barrières, afin de limiter au maximum l’ampleur de la quatrième vague épidémique. « Une réduction du taux de transmission grâce à des mesures non pharmaceutiques reste donc importante pour limiter l’impact de la vague sur le système hospitalier », ont insisté une nouvelle fois les modélisateurs de l’Institut Pasteur dans une note publiée le 26 juillet.

C’est également pour cela que le gouvernement souhaite lancer dès le mois de septembre une campagne de rappel, pour administrer une troisième dose aux personnes vaccinées début 2021. Le même gouvernement rappelle sur une page dédiée aux « Conseils Covid » : « Aucun vaccin ne protège à 100 % (…) Même quand on est vacciné, il reste un risque d’attraper la Covid si on est exposé au virus (même si la maladie sera le plus souvent moins grave), et de le transmettre par la suite (même si votre contagiosité sera elle aussi diminuée). »

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