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Yssoufou Traoré, blessé durant son interpellation lors de la marche à République samedi, est sorti de l’hôpital

Le frère d’Adama Traoré a été interpellé à la fin du rassemblement interdit par la Préfecture de police de Paris, puis placé en garde à vue, qui a finalement été levée à cause de son hospitalisation.

Le Monde avec AFP

Publié le 09 juillet 2023 à 12h18, modifié le 09 juillet 2023 à 21h15

Temps de Lecture 3 min.

Assa et Yssoufou Traoré, membres du comité La Vérité pour Adama, devant le commissariat du 5e arrondissement à Paris, dimanche 9 juillet 2023.

Vingt-quatre heures après son interpellation musclée lors de la manifestation interdite en mémoire de son frère Adama, mort après une interpellation en 2016, Yssoufou Traoré est sorti de l’hôpital à la mi-journée, dimanche 9 juillet.

Yssoufou Traoré, 29 ans, apparaît l’œil droit tuméfié et la manche de son tee-shirt déchirée dans une vidéo publiée en début d’après-midi sur Twitter par le compte « La vérité pour Adama ».

Selon ce compte, authentifié par l’Agence France-Presse (AFP), le plaquage ventral qu’il a subi lors de son interpellation lui a occasionné « une fracture du nez, un traumatisme crânien avec contusion oculaire, des contusions thoraciques, abdominales et lombaires révélatrices ». Le comité Adama, qui gère ce compte, affirme qu’il déposera plainte ce dimanche « pour dénoncer ces violences graves ».

Son avocat Yassine Bouzrou a confirmé plus tôt qu’il avait passé la nuit à l’hôpital mais n’avait pas d’information sur son état de santé. Il a également précisé qu’il n’avait pas pu s’entretenir avec son client.

Selon une source proche du dossier, Yssoufou Traoré a été accusé d’avoir « porté un coup » à une commissaire de police au début du rassemblement, place de la République.

Les images de son interpellation filmée par plusieurs témoins – on le voit résister puis être plaqué et maintenu face au sol par plusieurs policiers, l’un d’eux appuyant ses deux genoux sur son dos – ont provoqué des condamnations de plusieurs élus de gauche sur les réseaux sociaux. « C’est une honte. Il n’y avait aucune raison. Tout se passait très bien », a notamment tweeté Sandrine Rousseau. « Une persécution en plus pour la famille Traoré », a déploré Eric Coquerel.

Sa garde à vue, pour violences sur personne dépositaire de l’autorité publique et rébellion, a été levée en raison de son hospitalisation, selon le parquet de Paris, qui n’a pas donné d’indications sur son état de santé. A ce stade, la suite de la procédure n’est pas connue.

Contactée par l’AFP, sa sœur Assa, figure de la lutte contre les violences policières, a dit se rendre avec Yssoufou Traoré au commissariat du 5e arrondissement pour récupérer ses affaires.

Deux mille personnes rassemblées à Paris

Malgré l’interdiction de la Préfecture de police, environ 2 000 personnes se sont rassemblées samedi à Paris, derrière Assa Traoré, figure de la lutte contre les violences policières, en mémoire de son frère Adama, mort peu après son arrestation par des gendarmes, en juillet 2016.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Comment Assa Traoré est devenue une figure de l’antiracisme en France

Les associations, syndicats et partis politiques classés à gauche (parmi lesquels LFI, EELV, CGT et Solidaires) à l’origine des « marches citoyennes » contre les violences policières organisées la veille en France, ont exigé dimanche dans un communiqué la « libération sans condition ni poursuite », de Yssoufou Traoré et d’un deuxième homme, « militant des quartiers populaires de longue date », également arrêté pendant le rassemblement parisien.

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Le communiqué appelait à se mobiliser « massivement » dimanche après-midi devant le commissariat du 1er arrondissement de Paris, où ce deuxième homme est en garde à vue, selon Eric Coquerel. Le rassemblement pour exiger sa libération s’est terminé dans le calme au bout de deux heures. Une cinquantaine de personnes y ont participé, dont les députés LFI Eric Coquerel, Jérôme Legavre et Thomas Portes, et ont été rejointes par Yssoufou et Assa Traoré. « C’est une injustice que j’ai subie », a jugé M. Traoré, affirmant avoir reçu un « uppercut bien voulu ». « Ils [les policiers] n’ont pas à faire ça », a-t-il ajouté.

Le deuxième homme également interpellé est ressorti libre dimanche en fin d’après-midi, a annoncé le Comité Adama à l’AFP. Il a été convoqué à une date ultérieure devant le délégué du procureur pour un avertissement pénal probatoire, a affirmé dans la soirée le parquet de Paris. Quant à Youssouf Traoré, 29 ans, « l’enquête se poursuit », a déclaré le parquet.

Les organisations réclament aussi l’abandon des poursuites judiciaires annoncées par la Préfecture de police à l’encontre d’Assa Traoré, « organisatrice » du rassemblement parisien interdit, selon les autorités.

« Cet appel à mobilisation a été porté très largement par les organisations syndicales, associatives et politiques. Dès lors, la responsabilité incombe à tous. Nous ne nous laisserons pas faire », est-il aussi écrit dans le communiqué, qui appelle à une nouvelle « mobilisation large » contre les violences policières, samedi 15 juillet à Paris.

Sur les images filmées par des témoins à la fin du rassemblement parisien samedi, qui s’est déroulé dans le calme selon les journalistes de l’Agence France-Presse, on voit également une femme se faire violemment projeter au sol par un policier. Des journalistes comme Pierre Tremblay, du HuffPost, Clément Lanot, journaliste indépendant, et Florian Poitout, photoreporter, ont par ailleurs dénoncé sur les réseaux sociaux, preuves en images à l’appui, avoir été violemment repoussés par des policiers en couvrant ces interpellations, alors qu’ils étaient pleinement identifiables.

L’un d’eux a annoncé son intention de saisir l’IGPN, la « police des polices », pour porter plainte contre deux policiers de la BRAV-M, la brigade de répression de l’action violente motocycliste. Dimanche, la préfecture de police a annoncé l’ouverture d’une enquête administrative pour faire la lumière sur les violences commises par des policiers sur plusieurs journalistes.

« La fatigue des forces de police n’excuse en rien ces violences répétées contre des journalistes. On ne passe pas ses nerfs sur des reporters (et pas plus des manifestants) », avait tweeté, samedi, le secrétaire général de Reporters sans frontières, Christophe Deloire.

Le Monde avec AFP

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