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Yann Moix menteur et antisémite? Une polémique pour la rentrée littéraire

L'écrivain français Yann Moix. [afp - Eric Feferberg]
Le nouveau livre de Yann Moix fait déjà beaucoup parler de lui avant même la rentrée littéraire / La Matinale / 1 min. / le 28 août 2019
Yann Moix décrivant son enfance martyre dans son dernier livre, son frère le traitant de menteur, exhumation des dessins de jeunesse antisémites: les polémiques entourant l'écrivain parviennent presque à éclipser la rentrée littéraire.

Prix Goncourt du premier roman en 1996 avec "Jubilations vers le ciel", puis prix Renaudot en 2013 pour "Naissance", Yann Moix est un habitué de la rentrée littéraire française. Mais, cette année, l'écrivain de 51 ans se distingue surtout par les polémiques à répétition.

Et certains avancent déjà qu'il s'agit aussi de faire parler de lui et de son nouveau roman, "Orléans", au début d'une rentrée marquée par la sortie de quelque 500 ouvrages. Et que l'éditeur Grasset a voulu faire un coup marketing, ce dont il se défend.

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Victime ou bourreau?

Alors Yann Moix est-il victime ou bourreau? Témoin ou affabulateur? Toute la presse française est préoccupée par la question ces derniers jours. Dans "Orléans", qui sort ce mercredi en France, l'écrivain décrit à la première personne son enfance martyre avec des parents monstrueux, adeptes des humiliations et des punitions corporelles. L'ancien chroniqueur de Laurent Ruquier avait déjà évoqué ses éprouvantes jeunes années dans les médias, mais jamais aussi frontalement.

L'auteur ne cache aucun détail sordide des raclées infligées par son père ou de la haine méprisante de sa mère. Yann Moix dit se souvenir du contenu d'une poubelle déversé sur lui, des coups donnés avec une rallonge électrique, de sa tête plongée dans la cuvette pleine des toilettes.

Interviewé dimanche dans l'émission de TF1 "Sept à huit", Yann Moix a encore décrit dans le détail cette enfance malheureuse de la maternelle jusqu'à la fin du lycée. "Le fait de faire tomber un yaourt pouvait me faire passer une nuit dehors", affirme-t-il par exemple.

"Machiavel cynique et névrosé prêt à tout"

La famille Moix a rapidement réagi pour dénoncer ce qu'elle appelle un déballage mensonger. Dans un entretien accordé au quotidien La République du Centre, le père a catégoriquement démenti, assurant que "notre fils n'a jamais été battu", même s'il n'a pas nié avoir donné une correction à ce dernier quand il avait tenté de défenestrer son frère du premier étage (...) où quand il a mis la tête d'Alexandre (son frère) dans les WC et a tiré la chasse d'eau". "Il était un ado dur", précise encore José Moix.

Quant au frère de Yann Moix, qui est totalement absent du roman "Orléans", il n'a également pas manqué de réagir. Le Parisien a ainsi publié une lettre ouverte d'Alexandre Moix à son frère, intitulée "Mon frère, ce bourreau", dans laquelle il le traite d'imposteur, de bourreau ou encore de "Petit Prince déchu. Machiavel cynique et névrosé prêt à tout".

Alexandre Moix y assure que Yann Moix est l'auteur et non la victime de la plupart des sévices qu'il décrit dans son roman. Et d'ajouter: "Il sacrifie la réalité sur l'autel de ses ambitions littéraires". Ou, plus loin: "Se dressant comme le porte-flambeau de la cause des enfants malheureux, il pose, s'affiche, professe, mais n'écoute pas la souffrance des autres dont il se moque éperdument. Yann vit dans un autre monde: son nombril."

Dessins et écrits antisémites

Et la polémique Yann Moix ne s'est pas arrêtée là, puisque ce sont ensuite des dessins à caractère antisémite du jeune Yann Moix qui ont été dévoilés par L'Express. Il les avait publiés à l'âge de 21 ans dans un magazine de fabrication artisanale intitulé Ushoahia. Interrogé par l'hebdomadaire, l'auteur a assumé avoir publié ces dessins, mais les a regrettés et s'est défendu en mettant en avant une époque sombre de sa vie.

Quelques jours plus tard, L'Express a encore révélé que Yann Moix n'était pas que l'auteur des dessins, mais aussi de textes négationnistes les accompagnant, ce qu'il n'avait pas avoué dans le premier entretien. "Chacun sait, ô Marie, que les camps de concentration n'ont jamais existé", est-il ainsi écrit dans le magazine à une jeune femme prénommée Marie.

"Ce mensonge d'un homme de cinquante ans jette évidemment une nouvelle lumière sur son rapport à la vérité", a conclu l'hebdomadaire, faisant aussi allusion à la polémique familiale.

Frédéric Boillat avec afp

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