Le gouvernement français a annoncé jeudi dans la soirée un troisième confinement en un an, plus souple que les précédents, évoquant une "troisième vague" dans le pays qui approche la barre des 100.000 morts.

Plus de 20 millions de Français seront ainsi reconfinés pour un mois à partir de vendredi. Les écoles et commerces essentiels (dont les librairies) resteront ouverts.

L'épidémie accélère nettement dans le pays, où plus de 38.000 contaminations ont été enregistrées en 24 heures.


La vaccination avec le vaccin AstraZeneca va pouvoir reprendre dans l'Hexagone vendredi, tout comme en Allemagne, en Bulgarie, en Slovénie ou encore en l'Italie, reconfinée aux trois quarts depuis lundi.

D'autres pays s'y remettront la semaine prochaine, notamment l'Espagne, le Portugal et les Pays-Bas.

Comme une quinzaine d'autres pays, la France avait suspendu par précaution l'utilisation du vaccin AstraZeneca contre le Covid-19 après le signalement d'effets secondaires tels que des troubles de la coagulation et la formation de caillots.


AstraZeneca: la Finlande suspend la vaccination malgré le feu vert de l'EMA

La Finlande, qui n'avait jusqu'ici pas suspendu le vaccin AstraZeneca, a décidé vendredi d'interrompre la vaccination "par précaution" après deux cas de thromboses cérébrales, malgré l'avis favorable de l'Agence européenne du médicament (EMA) le jugeant "sûr et efficace".

"En vertu du principe de précaution", l'autorité de santé publique finlandaise (THL) a décidé "de suspendre les injections en Finlande jusqu'à ce qu'il y ait plus d'informations et qu'une causalité possible puisse être évaluée", indique-t-elle dans un communiqué.

"Sûr et efficace"

Jeudi, l'Agence européenne des médicaments (EMA) a jugé "sûr et efficace" le vaccin suédo-britannique dans un avis très attendu puisque l'Union européenne, en pleine pénurie, compte sur des millions de doses de ce vaccin.

Le régulateur européen, basé à Amsterdam, a "conclu que le vaccin n'était pas associé à une augmentation du risque global d'événements thromboemboliques ou de caillots sanguins", a également déclaré la directrice exécutive de l'EMA, Emer Cooke, lors d'une visioconférence.


"Nous nous félicitons des décisions des régulateurs qui affirment le bénéfice de notre vaccin pour arrêter la pandémie", a réagi dans un communiqué Ann Taylor, médecin chef d'AstraZenaca.

La Norvège et la Suède attendront d'avoir effectué la semaine prochaine leurs propres évaluations pour reprendre la vaccination, car une équipe médicale norvégienne dit voir un lien entre le produit et des caillots sanguins observés chez des patients tombés dans un état grave, voire décédés, quelques jours après une première injection.

Un avis du Comité consultatif mondial de la sécurité vaccinale (GACVS) de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) est également attendu vendredi à propos de ce vaccin.

Aux Etats-Unis, le rythme de vaccination a accéléré de manière spectaculaire au cours des dernières semaines, avec actuellement 2,4 millions de doses administrées par jour en moyenne.

Le président américain Joe Biden a annoncé que les Etats-Unis franchiront vendredi, avec plus d'un mois d'avance, son objectif de 100 millions d'injections durant les 100 premiers jours de son mandat.

De l'autre côté de l'Atlantique, le Royaume-Uni a annoncé une réduction de ses approvisionnements en vaccins en avril, susceptible de ralentir sa campagne de vaccination, l'une des plus avancées au monde.

Selon les médias britanniques, le problème d'approvisionnement est dû à un retard de livraison de cinq millions de doses produites en Inde par le Serum Institute pour AstraZeneca.

La Commission européenne a de son côté annoncé qu'elle allait activer une procédure contractuelle pour résoudre le conflit avec AstraZeneca, dont les livraisons sont nettement inférieures aux chiffres prévus.

402,3 millions de doses

Malgré ces déconvenues, la vaccination a continué d'accélérer. Au moins 402,3 millions de doses ont été administrées dans le monde, dont plus d'un quart aux Etats-Unis, selon un comptage de l'AFP arrêté jeudi à 16H30 GMT.

La situation épidémique reste néanmoins "particulièrement" inquiétante dans les Balkans et en Europe centrale, selon l'OMS, à l'heure où le nombre de cas en Europe augmente pour la troisième semaine consécutive.

"Le nombre de personnes qui meurent du Covid-19 en Europe est plus élevé aujourd'hui qu'il ne l'était à la même époque l'année dernière", a souligné le directeur Europe de l'OMS, Hans Kluge.

La pandémie a fait au moins 2,68 millions de morts dans le monde, selon un bilan établi jeudi par l'AFP, et nombre de pays sont engagés dans une course contre la montre avec le virus.

L'Italie commémorait jeudi les plus de 103.000 morts de l'épidémie de Covid-19, avec drapeaux en berne sur les bâtiments publics.


En Allemagne, également touchée par une troisième vague, le gouvernement a appelé la population à être "responsable" et à ne pas se rendre dans la très prisée île espagnole de Majorque, malgré l'affrètement de centaines de vols touristiques.

Plusieurs responsables régionaux allemands ont exhorté jeudi les autorités européennes à accélérer l'examen du vaccin russe Spoutnik V et à anticiper son déploiement dans l'UE.

La Bulgarie, qui se targuait jusqu'à présent de mesures souples face à la pandémie, a annoncé jeudi un durcissement de ses restrictions.

En Ukraine, le maire de Kiev, Vitali Klitchko, a annoncé le renforcement des restrictions dans la capitale à partir de samedi pour trois semaines.

Au Chili, un reconfinement strict du tiers du pays est entré en vigueur jeudi, malgré la progression rapide de la campagne de vaccination dans ce pays.

Brésil: Bolsonaro veut lever les restrictions malgré des chiffres élevés

Le président brésilien Jair Bolsonaro a saisi la Cour suprême pour tenter d'annuler les restrictions liées au coronavirus imposées par plusieurs États fédéraux, malgré les chiffres élevés de l'épidémie sur place. C'est ce que rapporte vendredi la presse locale.

Le gouvernement a demandé à la Cour suprême d'annuler les décrets du District fédéral, où se trouve la capitale Brasilia, ainsi qu'à Bahia et Rio Grande do Sul, arguant que les gouverneurs des états fédérés n'ont pas l'autorité suffisante pour mettre en œuvre ces décrets, a rapporté le portail d'information G1.

Les décrets prévoient des restrictions sur les déplacements et les activités non essentielles, entre autres, selon G1.

Bolsonaro a à plusieurs reprises minimisé l'importance du virus et s'est opposé aux restrictions visant à réduire les contaminations, bien que le Brésil soit le deuxième pays comptant le plus grand nombre de cas après les Etats-Unis.

Les systèmes de santé sont surchargés dans la majorité de ses États. D'après les derniers chiffres, 90.000 nouvelles infections ont été signalées au cours des dernières 24 heures, ainsi qu'environ 3.000 décès liés au virus.

Une enquête de l'institut de sondage Datafolha publiée jeudi montre que 79% des Brésiliens pensent que la pandémie est hors de contrôle dans leur pays.

Bombay: record de contaminations quotidiennes depuis le début de la pandémie de Covid-19

L'État le plus riche de l'Inde, le Maharashtra, dont sa capitale Bombay, a enregistré vendredi le plus grand nombre de nouvelles contaminations de Covid-19 quotidiennes depuis le début de la pandémie. Le Maharashtra a annoncé vendredi un nombre record de 25.833 nouveaux cas, dont 2.877 dans la capitale financière et mégapole Bombay.

L'Inde a enregistré près de 40.000 nouveaux cas, soit près du double de la semaine précédente, mais moins de la moitié du pic de près de 100.000 cas enregistrés en septembre.

Plusieurs États durement touchés, dont le Maharashtra, le Gujarat et le Madhya Pradesh, ont imposé de nouvelles restrictions, notamment de déplacements et de rassemblements publics dans certaines villes.

Cependant, "il n'y aura pas de confinement dans l'État", a affirmé jeudi le Premier ministre du Gujarat, Vijay Rupani.

Le vaste pays asiatique de 1,3 milliard d'habitants a été dépassé ce mois-ci par le Brésil en tant que deuxième pays le plus contaminé, après un fort recul des nouveaux cas de Covid-19 en décembre et janvier.

Les principales restrictions imposées l'an dernier à l'échelle nationale, dont un confinement de plusieurs mois, ont pour la plupart été levées, et d'immenses rassemblements religieux et politiques ont eu lieu.

En milieu de semaine, le Premier ministre indien Narendra Modi a alerté les dirigeants régionaux les appelant à augmenter les tests et instaurer des mesures pour éviter une deuxième vague naissante de Covid-19 et une multiplication des cas à l'échelle nationale.

"Nous devons arrêter cette deuxième vague naissante de la pandémie en prenant des mesures rapides et décisives", a déclaré M. Modi lors d'une vidéoconférence avec les dirigeants régionaux sur la crise sanitaire.

"Au cours des dernières semaines, quelque 70 districts ont enregistré une hausse de plus de 150% dans le nombre des cas et si nous n'arrêtons pas l'épidémie immédiatement elle deviendra nationale", a-t-il ajouté.

L'Inde a jusqu'à présent administré près de 40 millions de vaccins, et ambitionne de vacciner 300 millions de personnes d'ici la fin juillet. Le pays a enregistré plus de 11,5 millions de cas de Covid-19 au total et près de 160.000 décès.