Tandis que l’épidémie de Covid-19 se propage en France, de nombreuses chaînes de mails et messages d’informations circulent sur les réseaux sociaux ou par le biais de plateformes de messagerie. Ces messages contiennent parfois des informations erronées et s’appuient notamment sur la prétendue expertise de chercheurs de l’Institut Pasteur. L’Institut Pasteur vous invite à ne surtout pas prendre en compte ces informations et à ne pas les relayer.
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Les chercheuses et les chercheurs de l’Institut Pasteur sont mobilisés depuis les tout premiers jours de l’épidémie de Covid-19 pour faire face à cette situation exceptionnelle.
Mis à jour le 17 avril 2020
Non, le SARS-CoV-2 n’a pas été créé en laboratoire à partir du VIH !
Une nouvelle controverse : le SARS-CoV-2 résulterait d’une erreur humaine commise dans le laboratoire de niveau P4 de Wuhan. En recherchant un vaccin contre le VIH, des chercheurs auraient par mégarde laissé échapper ce nouveau virus. Une des preuves de cette thèse résiderait dans la présence, dans le génome du SARS-CoV-2, de séquences correspondant au VIH, hypothèse qui aurait été validée par une publication scientifique indienne.
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Le coronavirus SARS-CoV-2 n’a pas été créé par l’homme.
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Les homologies entre la séquence du VIH et celle du SARS-CoV-2 n’ont aucune signification.
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Cette thèse repose sur une lecture erronée d’un article transitoirement posté sur un site internet, dont les nombreuses erreurs méthodologiques et inexactitudes ont été depuis dénoncées par la communauté scientifique, conduisant à la rétraction de l’article par ses auteurs.
Explications
1 _ Les homologies qui peuvent exister entre le génome du VIH et celui du SARS-CoV-2 n’ont aucune signification
Si l’on retrouve bien une séquence du VIH dans le génome du coronavirus SARS-CoV-2, cela ne veut pas dire que le second dérive du premier.
« Les séquences génétiques sont constituées par une suite de lettres. Si on examine une très courte série de lettres prises au hasard dans une séquence, elles peuvent ressembler à un petit fragment d’une autre séquence sans qu’il y ait un lien direct. De manière imagée, si on choisit un mot dans un livre et que ce mot est aussi trouvé dans un autre livre, cela ne veut pas dire que le premier livre a copié le second », Etienne Simon-Lorière, responsable du groupe à 5 ans Génomique évolutive des virus à ARN à l’Institut Pasteur.
2 _ Cette thèse repose sur la lecture erronée d’un article présentant de nombreuses erreurs méthodologiques et inexactitudes, dénoncé depuis par la communauté scientifique
La théorie selon laquelle le SARS-CoV-2 dériverait du VIH repose sur une analyse incorrecte d’un article publié par des chercheurs indiens sur un site ouvert d’open science, appelé BioRxiv. « Il y a effectivement une étude scientifique qui a été déposée sur ce site internet où les chercheurs peuvent mettre leurs résultats, mais ces derniers ne sont pas validés », confirme Olivier Schwartz, responsable de l’unité Virus et immunité à l’Institut Pasteur (voir aussi France Culture).
Cette étude indienne, initialement mise en ligne sans relecture critique (ce qui est le principe de ce type de site d’open science) puis vivement critiquée par la communauté scientifique pour ses approximations, a été retirée par la suite par les auteurs eux-mêmes, du fait des erreurs méthodologiques qui ont été pointées du doigt par leurs pairs.
Depuis, le site d’open science BioRxiv rappelle à son tour par un bandeau que toutes les études qu’il héberge n’ont pas encore été soumises à une validation par des pairs (cf. Les Décodeurs, Le Monde).
3 _ Un article publié dans Nature Medecine a confirmé depuis que le coronavirus SARS-CoV-2 n’a pas été créé par l’homme
Un article scientifique, du 17 mars 2020, réfute complétement l’idée d’une manipulation par un laboratoire (The proximal origin of SARS-CoV-2, Kristian G. Andersen, Andrew Rambaut, W. Ian Lipkin, Edward C. Holmes & Robert F. Garry. Nature Medicine - 2020).
Lire aussi plus bas « Le coronavirus SARS-CoV-2 n’a pas été créé par l’homme ».
NON, le coronavirus n’a pas été créé en laboratoire !
Suspicion récurrente dans les théories complotistes autour du virus SARS-CoV-2 : la présence d’un laboratoire de type P4 à Wuhan, ville où est apparu le virus. D’après les controverses conspirationnistes, le SARS-CoV-2 se serait répandu à cause d’une chauve-souris sur laquelle on aurait effectué des tests et qui se serait ensuite échappée… Et l’Institut Pasteur y serait lié… C’est totalement faux. Quatre choses à retenir :
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Le coronavirus n’a pas été créé par l’homme.
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Le laboratoire de type P4 de la ville de Wuhan, ville où est apparu le virus SARS-coV-2, n’a rien à voir avec l’Institut Pasteur de Shanghai (IPS).
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Cette rumeur n’a aucun lien avec les anciens travaux de l’Institut Pasteur (Paris) sur SARS-coV-1, précédent coronavirus apparu en Chine en 2002-2003.
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La vidéo conspirationniste qui circule actuellement sur le web est totalement fausse
Explications
1 _ Le coronavirus SARS-CoV-2 n’a pas été créé par l’homme
Un article scientifique, publié le 17 mars 2020, réfute complétement l’idée d’une manipulation par un laboratoire. Dans cette étude, les chercheurs examinent ce qui peut être déduit de l’origine du coronavirus SARS-CoV-2, à partir d’une analyse comparative des données génomiques. Ils décrivent les caractéristiques notables de son génome et discutent des scénarios par lesquels elles auraient pu se produire. Leurs analyses montrent clairement que le SARS-CoV-2 n’est pas une construction de laboratoire ou un virus délibérément manipulé.
The proximal origin of SARS-CoV-2, Kristian G. Andersen, Andrew Rambaut, W. Ian Lipkin, Edward C. Holmes & Robert F. Garry. Nature Medicine (2020)
2 _ L’Institut Pasteur de Shanghai (IPS) n’a pas travaillé sur les coronavirus dans le P4 de Wuhan qui dépend d’un Institut chinois
La collaboration scientifique avec la Chine sur les pathogènes les plus dangereux (dits de classe 4, c’est-à-dire ne pouvant faire l’objet de recherche que dans des laboratoires ultra-sécurisés, dits P4) et les virus émergents s’inscrit dans le contexte d’un accord franco-chinois en matière de prévention et de lutte contre les maladies infectieuses émergentes, signé à Pékin le 9 octobre 2004. Elle s’inscrit aussi dans la logique du règlement sanitaire international de 2005, postérieur à l’accord, qui sanctuarise le principe de confinement à la source dans la lutte contre les maladies infectieuses.
Cette coopération intergouvernementale a conduit :
- D’une part, la construction du Laboratoire national de haute sécurité biologique de Wuhan (laboratoire P4) sur le campus de l’Institut de virologie de Wuhan (IVW).
Placé sous l’autorité d’un comité de pilotage franco-chinois au sein duquel l’Institut Pasteur ne siège pas, les activités de ce laboratoire P4 sont sous la responsabilité d’un directeur chinois, nommé par les autorités chinoises. - D’autre part, la création de l’Institut Pasteur de Shanghai (IPS), centre de recherche qui dispose d’un statut particulier au sein de l’Académie des sciences de Chine (IPS-CAS).
L’IPS dispose d’un système de gouvernance basé sur un conseil d’administration et un conseil scientifique paritaires, le premier co-présidé par le directeur général de l’Institut Pasteur et le second présidé par M. Kourilsky, professeur honoraire au Collège de France, et ancien directeur général de l’Institut Pasteur.
Le laboratoire P4 a bien été conçu et construit avec l’aide de la France, dans le cadre de l’accord de coopération de 2004. Mais l’Institut Pasteur de Shanghai (IPS) est bien un institut franco-chinois autonome et disctinct.
Concernant les prétendus travaux de l’Institut Pasteur de Shanghai (IPS) sur le coronavirus
Dès l’émergence du nouveau coronavirus respiratoire à Wuhan, et conformément à son mandat, l’Institut Pasteur de Shanghai (IPS) a joué son rôle de plateforme de coopération franco-chinoise pour aider à mieux comprendre et appréhender l’évolution de ce nouveau virus, publiant, dès les premières semaines, un article sur la structure tridimensionnelle du virus. Les experts scientifiques ont par ailleurs proposé leurs services au China CDC ainsi qu’à l’Institut de Virologie de Wuhan pour venir prêter main forte aux équipes sur place, mais ils n’ont pas été sollicités.
L’IPS n’a aucun projet actif ni au sein du laboratoire P4 de Wuhan, ni même au sein des P3 de Wuhan !
L’IPS a donc apporté son soutien actif aux autres instituts de la région Asie (Hong Kong, Laos, Cambodge essentiellement) et s’est mobilisé pour participer à la préparation des pays les plus exposés (y compris les instituts Africains).
3 _ L’Institut Pasteur (Paris) a bien réalisé des recherches en France sur un précédent coronavirus (SARS-CoV-1), qui n’a rien à voir avec SARS-CoV-2 responsable du Covid-19 !
L’Institut Pasteur (Paris) a bien réalisé des recherches en France, entre 2002 et 2004, sur un précédent coronavirus (SARS-CoV-1), responsable de l’épidémie de 2003. L’institut a d’ailleurs inventé un candidat-vaccin, en 2004, contre ce SARS-CoV-1.
La construction du laboratoire P4 de Wuhan a débuté en 2011 et il a été inauguré en 2017. Soit plus d’une dizaine d’années après la déclaration d’invention brandie comme preuve dans la vidéo complotiste.
NON l’Institut Pasteur n’a pas inventé le Covid-19, ni le virus à son origine, le Sars-CoV-2 !
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L’Institut Pasteur a inventé un candidat-vaccin, en 2004, contre un précédent coronavirus, appelé SARS-cov1.
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La vidéo conspirationniste qui circule actuellement sur le web est totalement fausse.
Fake news : NON l’Institut Pasteur n’a pas inventé le Covid-19 !
Explications
L’Institut Pasteur a pour mission de travailler sur tous les virus émergents. Notamment les coronavirus. Et il existe plusieurs types de coronavirus.
- En 2002, un premier coronavirus SARS-coV-1 a émergé en Chine, responsable d’une épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS en français, SARS en anglais).
- En 2003, cette épidémie s’est étendue à plusieurs pays dans différents continents..
- A l’époque, les équipes de l’Institut Pasteur se sont mobilisées, en proposant plusieurs stratégies vaccinales, dont un candidat-vaccin basé sur la plateforme rougeole (le vaccin rougeole peut être recombiné et utilisé comme un véhicule pour induire une réponse immunitaire contre d’autres agents pathogènes, ici SARS-coV-1).
- En 2004, ce candidat-vaccin contre SARS-coV-1 a fait l’objet d’une déclaration d’invention (DI).
- Le brevet déposé concernait bien le SARS-coV-1 (responsable de la maladie dite SRAS en 2002-2003), qui est très différent de SARS-coV-2 (responsable de la maladie dite Covid19 en 2019-2020).
- Le brevet de 2004 décrit la découverte du virus puis l’invention d’une stratégie vaccinale contre ce virus, et NON l’invention du virus lui-même !!!
- Ce candidat-vaccin contre SARS-coV-1 n’a pas été expérimenté chez l’homme car, quand il était prêt, l’épidémie était heureusement terminée, et il n’y avait plus de patients sur lesquels proposer de le tester.
- Dans la famille des coronavirus, SARS-coV-2 fait partie du groupe de virus dits «SARS-like» (ou SARS-CoV).
- Le savoir-faire développé en 2003 contre SARS-coV-1, et le candidat-vaccin breveté en 2004, sont actuellement appliqués par les scientifiques concernés pour un projet en cours de vaccin potentiel contre SARS-coV-2 (responsable de Covid-19), notamment en utilisant la plateforme rougeole.
NON, l’Institut Pasteur n’est pas informé de la fuite d’une arme bactériologique préfigurant les prémisses d’une 3e guerre mondiale !…
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Un message audio largement diffusé sur les réseaux évoque une «troisième guerre mondiale» et la «fuite» d’une arme bactériologique chinoise. L’information y est présentée comme émanant de «la mère de ma femme, sa meilleure amie travaille à l’institut Pasteur». Cette information est bien évidemment fausse.
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