ELECTIONS REGIONALES - C'est peu dire qu'il attend fébrilement le scrutin. A quatre jours du premier tour des élections régionales, Nicolas Sarkozy aurait certainement aimé que son parti arrive avec plus de certitudes, lui qui mise beaucoup sur ce scrutin pour se lancer vers la primaire de l'automne 2016.
Mais au regard des multiples sondages réalisés depuis plusieurs semaines, la dynamique ne paraît pas dans son camp. Au contraire du Front national qui progresse enquête après enquête (et particulièrement depuis les attentats de novembre), le parti Les Républicains semble pris en étau, (et particulièrement depuis les attentats de novembre) après lesquels Nicolas Sarkozy a dû jongler entre unité nationale et présentation de ses propres propositions.
Alors bien sûr, tirer des conclusions avant l'élection n'est pas forcément judicieux mais le constat est là: pour la droite, obtenir une vague bleue ne sera pas aussi aisé que certains auraient pu l'espérer.
Quatre régions par parti?
Si l'on se fie au dernier sondage publié dans chacune des régions de France métropolitaine, c'est en effet une France tripartisane qui se dessine, dans laquelle le parti Les Républicains n'est pas mieux loti que ses deux rivaux. La droite est donnée en tête dans quatre régions (Ile-de-France, Centre Val de Loire, Pays-de-la-Loire et Auvergne-Rhône-Alpes), soit autant que le Parti socialiste et une de plus que le Front national.
Dans plusieurs régions toutefois, ces résultats sont à prendre avec particulièrement de précautions tant l'écart est faible entre les concurrents au second tour. En Normandie, dans le grand Est, en Auvergne-Rhône-Alpes ou en Bourgogne-Franche-Comté, il y a moins de deux points entre les deux premiers candidats, si bien qu'au soir du second tour, les conclusions pourraient être bien différentes; au bénéfice mais aussi au détriment de la droite.
Cela explique que Nicolas Sarkozy soit apparu sur la défensive ce mercredi 2 décembre sur Europe 1 allant jusqu'à réclamer de ne pas accorder de crédit aux sondages, lui qui en fut pourtant un gros consommateur pendant son quinquennat.
Des réserves de voix bien difficile à trouver
Une enquête Ifop publiée mercredi par Paris Match, iTélé et Sud Radio pour la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie illustre une autre difficulté pour la droite: réussir à augmenter son score entre entre les deux tours. Xavier Bertrand ne gagne en effet que 4 points, passant de 24 à 28% des intentions de vote quand son concurrent socialiste Pierre de Saintignon augmente de 10 points et lui ravit la seconde place (30%).
Comme pour les départementales, Nicolas Sarkozy a scellé un accord avec l'UDI et le Modem et c'est donc unis que la droite et le centre se présentent à ce scrutin. Résultat, au premier tour, son score est (presque) toujours supérieur à celui du Parti socialiste qui se présente sur la ligne de départ avec des concurrents écologistes et/ou communistes dans toutes les régions. C'est par exemple le cas en Ile-de-France où Valérie Pécresse arrive en tête avec 10 points de plus que Claude Bartolone (33% contre 23% selon un sondage Ifop publié le 30 novembre).
Mais là où le PS peut compter sur un report des voix EELV et FG, la droite a un réservoir moins important. Résultat, la droite se retrouve à portée de fusil de la gauche. En Ile-de-France, le sondage de second tour ne donne plus que 2 points de plus à Valérie Pécresse. Pire, en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, l'avance de Virigine Calmels au premier tour (+6 par rapport au PS) fond complètement au second tour, Alain Rousset étant donné vainqueur avec 2 points d'avance.
Quelle parade face à la montée du FN?
Autre région, autre dilemme. En Normandie, c'est la montée en puissance du Front national qui pénalise largement le candidat de droite, en l’occurrence Hervé Morin. Alors que l'ancien ministre de la Défense apparaissait comme le favori, deux sondages successifs le placent en situation délicate. Après une enquête BVA pour la presse régionale, c'est une enquête Odoxa pour BFMTV et Le Parisien qui confirme le phénomène, mercredi 2 décembre en évoquant sa défaite possible.
"La poussée du FN qui permettrait à Nicolas Bay de dépasser la barre symbolique des 30% pénalise directement Hervé Morin. Résultat, le favori initial qui aurait normalement dû sans coup férir ravir la région à la gauche pourrait bien être battu par son adversaire socialiste", note Gaël Sliman, président de l'institut de sondage.
En Paca, non plus, Christian Estrosi ne semble pas avoir trouvé la parade pour contenir l'ascension de Marion Maréchal-Le Pen qui est donnée vainqueur dans toutes les enquêtes réalisées depuis mi-novembre. Dans ce cas précis, la stratégie de droitisation du discours n'apporte pas de réponse idéale. C'est pourtant celle que Nicolas Sarkozy a utilisé lors de ces derniers meeting en utilisant à nouveau les concepts de frontières, d'identité nationale ou d'anti- communautarisme.
Répétant, comme lors des départementales, que donner sa voix au FN, c'est faire progresser la gauche, l'ancien chef de l'Etat réitère enfin sa stratégie électorale: le maintien de tous les candidats au second tour et le rejet du front républicain. "Cela accréditerait l'idée, au fond que la seule opposition aux socialistes est le Front national", a-t-il expliqué sur Europe 1. Et de rappeler qu'au moment des départementales, le FN semblait en mesure de remporter plusieurs départements ce qu'il n'était finalement pas parvenu à faire.