The Wayback Machine - https://web.archive.org/web/20201007140310/https://www.infovac.ch/fr/les-vaccins/par-maladie/coronavirus-covid-19

Il n'y a pas encore de vaccin disponible contre le nouveau coronavirus SARS-CoV-2 qui provoque la maladie COVID-19. Mais plus de 200 candidats vaccins sont actuellement évalués en laboratoire, d'abord sur des animaux et, pour certains, sur des êtres humains volontaires. Ces tests doivent permettre de préciser la sécurité des candidats-vaccins et leur capacité à déclencher une réponse immunitaire en fonction de la dose injectée.

Les principales étapes nécessaires à élaborer et tester un vaccin sont décrites sur la page > Développement d'un vaccin

 

Anticorps contre coronavirus
Anticorps se fixant sur les spicules d'un coronavirus.
Image: modifié d'après HFCM Communicatie, Licence Creative Commons

 

Pourquoi est-il compliqué de développer un vaccin contre le COVID‑19 ?

Le développement d’un vaccin qui soit démontré sûr et efficace avant son administration à des millions ou des milliards de personnes est toujours complexe – et donc lent. Mais des défis particuliers sont liés au COVID-19 :

1. Les particularités des coronavirus

Certains vaccins sont particulièrement difficiles à développer, et c’est le cas pour les vaccins contre les coronavirus. Quatre souches de coronavirus circulent de manière endémique chez l’humain, provoquant des infections respiratoires bénignes. Deux autres souches se sont montrées beaucoup plus virulentes, provoquant des pneumonies et des insuffisances respiratoires sévères, voire mortelles : le SARS-CoV-1 en 2002-2004, et le MERS-CoV en 2012. Le nouveau virus responsable du COVID-19 (le SARS-CoV-2) appartient à ce deuxième groupe.

Il n’existe pas encore de vaccin commercialisé contre un coronavirus.

Une des particularités des coronavirus est d’infecter en premier lieu les muqueuses du nez et de la gorge. Parfois, les défenses immunitaires innées permettent de les stopper à ce niveau. C’est ainsi que la plupart des malades du COVID-19 n’ont que des symptômes ORL plus ou moins marqués. Mais si les coronavirus ne sont pas stoppés dans la sphère ORL, ils peuvent passer dans les poumons, puis dans le sang. Ils peuvent alors diffuser vers d’autres organes dont les cellules expriment les récepteurs aux virus (le cœur, les reins et les vaisseaux sanguins du corps entier, y compris du cerveau). C’est malheureusement le cas du virus responsable du COVID-19.

Pour se protéger contre toutes les formes de COVID-19, et donc aussi contre le risque de transmission, il faudrait disposer de vaccins capables d’induire et de maintenir des réponses immunitaires assez fortes et permanentes au niveau des muqueuses du nez et de la gorge. Or, l'induction d'une immunité totale (dite «stérilisante») n’a encore jamais été obtenue par un vaccin.

 What can we expect from first-generation COVID-19 vaccines? (The Lancet, 21.9.2020)

Peut-être faudra-t-il se contenter de vaccins capables de protéger uniquement contre les complications du COVID-19, c’est-à-dire de freiner la multiplication et la dissémination du virus aux autres organes. C’est bien sûr très important. Mais un tel vaccin serait a priori inutile pour les 8 personnes sur 10 qui ne développent pas de complications. De plus, un tel vaccin exigerait une excellente sécurité vaccinale, sans garantir un arrêt de la contagion, puisque les virus auraient toujours la possibilité de se multiplier dans le nez et la gorge.

2. Le choix des antigènes à inclure dans les vaccins

Sur leur surface, les coronavirus arborent des spicules (protéine S ou Spike) avec lesquelles ils s’attachent aux récepteurs des cellules humaines – les clefs qui leur ouvrent la porte d'entrée. Heureusement, ces protéines S sont bien reconnues par le système immunitaire humain – qui y réagit en induisant des lymphocytes B producteurs d’anticorps et des lymphocytes T capables de détruire les cellules infectées. Ceci est vrai pour toutes les souches de coronavirus, y compris le SARS-CoV-1, le MERS-CoV, et le SARS-CoV-2 responsable du COVID-19.

Ces spicules (antigènes vaccinaux) vont donc se trouver, d’une façon ou d’une autre, dans tous les candidats-vaccins (vivants atténués, inactivés, portés par des vecteurs viraux, ou codés par leur ARN).

3. Le choix des défenses immunitaires à induire

Les modèles animaux ont montré que, suite à une vaccination contre le SARS-CoV-1, la protection corrélait au mieux avec le taux d’anticorps neutralisants (= capables de neutraliser l’entrée des virus dans les cellules) dirigés contre la protéine S – même si des anticorps contre d’autres antigènes peuvent aussi y parvenir. Ainsi, induire des taux élevés d’anticorps neutralisants semble être une bonne stratégie – et c'est la stratégie utilisée par de nombreux candidats-vaccins.

Malheureusement, il est difficile (impossible?) d’induire seulement des anticorps neutralisants. Or, les anticorps se fixant aux virus sans pour autant les neutraliser peuvent être dangereux (voir ci-dessous). Le rapport entre les anticorps neutralisants/non neutralisants pourrait donc être essentiel.

Certaines études chez l’animal ont montré que la protection contre le SARS-CoV-1 (ou le COVID-19) pouvait aussi être atteinte par des vaccins induisant essentiellement des lymphocytes T contre les protéines internes du virus. Il est probable que ces vaccins agissent essentiellement contre les complications. Ainsi, certains candidats-vaccins visent essentiellement la production de réponses lymphocytaires T, même si, à ce jour, aucun des vaccins utilisés contre des virus ne protège essentiellement grâce à ce type de réponse cellulaire.

4. La difficulté d’induire de bonnes réponses vaccinales chez les personnes vulnérables

Personnes vulnérables face au COVID-19

Induire des réponses vaccinales protectrices chez de jeunes volontaires en bonne santé est déjà un défi. Mais il est encore plus difficile d'induire ces réponses chez des personnes fragilisées par le grand âge, l’obésité, la maladie ou les traitements médicaux qui freinent les défenses immunitaires – le vaccin contre la grippe nous le rappelle chaque année. Des vaccins avec des adjuvants particulièrement efficaces sont souvent nécessaires pour protéger ces populations vulnérables.

5. Le risque d’un vaccin qui augmenterait la sévérité du COVID-19

Le COVID-19 est encore mal connu, mais sa sévérité provient clairement de réponses immunitaires inappropriées, excessives et/ou inadéquates. Ainsi, de nombreux traitements visent actuellement à freiner plutôt qu’à stimuler les réponses immunitaires/inflammatoires.

Il y a un risque d’induire des anticorps capables de se fixer sur les coronavirus, mais pas à l’endroit qui bloque leur capacité à infecter des cellules (anticorps non neutralisants). Ces anticorps non neutralisants peuvent faciliter l’entrée du virus dans les cellules, au lieu de la bloquer (antibody-dependent enhancement). Ce phénomène a été observé avec le SARS-CoV-1 et le MERS-CoV. Et on suspecte malheureusement qu’il pourrait survenir avec le COVID-19, obligeant à beaucoup de prudence.

Or, les modèles animaux permettant d'évaluer ce risque sont complexes à mettre en oeuvre. Et les études de vaccination classique – qui consistent à vérifier que les vaccins soient bien tolérés en suivant des volontaires pendant quelques semaines ou mois – ne pourront pas répondre à cette question : il faudra soit attendre que ces volontaires vaccinés aient été exposés au SARS-CoV-2, soit les y exposer volontairement, ce qui n’est pas envisageable en l’absence de traitement efficace.

   The potential danger of suboptimal antibody responses in COVID-19

   Antibody enhancement and SARS-COV-2 vaccines and therapies

6. La nécessité d’une production de masse, rapide… et à prix abordable pour le monde entier

La production de vaccins à large échelle nécessite une technologie complexe; il faut même souvent construire des usines. C’est la raison pour laquelle l’urgence de la COVID-19 pousse les sociétés à commencer la production de masse de leur candidat-vaccin avant même de savoir s’il sera efficace et bien toléré.

  COVID-19 vaccine trials should seek worthwhile efficacy


 

Quand peut-on espérer disposer d’un vaccin contre le COVID-19 ?

À moins de renoncer aux études ayant pour but de démontrer la sécurité et l’efficacité d’un vaccin sur un nombre suffisants de personnes, le délai souvent mentionné de 12-18 mois (soit en 2021) semble un minimum pour mettre au point un vaccin selon la clause d’urgence – soit avant son approbation officielle par les autorités réglementaires.

Rappelons qu’habituellement cette durée atteint au moins 10 ans, si ce n’est plus…

Les principales étapes nécessaires à élaborer et tester un vaccin sont décrites sur la page > Développement d'un vaccin

 

Les candidats-vaccins suivants contre le COVID-19 sont actuellement testés chez l'humain (source: clinicaltrials.gov) :

Déjà en Phase III (efficacité et sécurité):

Inactivated SARS-CoV-2 (virus inactivés, Sinovac et Butantan Institute)

Inactivated Novel Coronavirus Pneumonia (COVID-19) vaccine  (virus inactivés, Sinopharm)

AZD1222 (vaccin à vecteur, University of Oxford et Astra Zeneca)

- Ad26.COV2.S (vaccin à vecteur, Janssen Vaccines & Prevention, Johnson & Johnson)

mRNA-1273 (vaccin à ARNmNational Institute of Allergy and Infectious Diseases et Moderna)

- BNT162b2 (vaccin à ARNm, BioNTech RNA Pharmaceuticals et Pfizer)

Ad5-nCoV (vaccin à vecteur, CanSino Biologics)

- Gam-COVID-Vac (vaccin à vecteur, Gamaleya Research Institute of Epidemiology and Microbiology, Health Ministry of the Russian Federation)

- Inactivated Novel Coronavirus Pneumonia (COVID-19) vaccine (Vero cells) (virus inactivés, Wuhan Provincial Center for Disease Control and Prevention)

NVX-CoV2373 (protéines recombinantes, Novavax)

 

Déjà en Phase II ou I/II :

Inactivated SARS-CoV-2 Vaccine (virus inactivés, Chinese Academy of Medical Sciences)

BBV152 - COVAXIN (virus inactivés, Bharat Biotech International Ltd)

Recombinant new coronavirus vaccine (CHO cell) (protéines recombinantes, Anhui Zhifei Longcom Biologic Pharmacy Co., Ltd.)

KBP-201 (protéines recombinantes, Kentucky BioProcessing Inc.)

LV-SMENP-DC (cellules recombinantes, Shenzhen Geno-Immune Medical Institute)

Covid-19/aAPC (cellules recombinantes, Shenzhen Geno-Immune Medical Institute)

INO-4800 (vaccin à ADN, Inovio Pharmaceuticals)

GX-19 (vaccin à ADN, Genexine Inc.)

AG0301-COVID19 (vaccin à ADN, AnGes, Inc., Japan Agency for Medical Research and Development)

nCov Vaccine (vaccin à ADNCadila Healthcare Ltd)

- COVAC1 (LNP-nCoVsaRNA) (vaccin à ARNm, Imperial College London)

- CVnCoV Vaccine (vaccin à ARNm, Curevac)

- EpiVacCorona (protéines recombinantes, Federal Budgetary Research Institution State Research Center of Virology and Biotechnology "Vector")

Sanofi-GSK (protéines recombinantes, Sanofi Pasteur & Glaxo Smith Kline)

 


Liste de tous les vaccins en phase I, II ou III, classés par type:

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