Cinéma - sortie mercredi de Valérian Le cas Besson est un cas d’autodidacte

A lui seul, Luc Besson, 58 ans, est une exception culturelle. Un cas industriel unique au pays de la comédie et du film d’auteur. Qui est l’homme le plus puissant du cinéma français ? Décryptage.
Nathalie CHIFFLET - 24 juil. 2017 à 05:00 | mis à jour le 24 juil. 2017 à 09:36 - Temps de lecture :
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Luc Besson n’a pas toujours bonne presse, mais il a le box-office, les stars, l’argent, l’Amérique et le reste du monde.   Photo Valérian SAS-TF1 Films productions
Luc Besson n’a pas toujours bonne presse, mais il a le box-office, les stars, l’argent, l’Amérique et le reste du monde. Photo Valérian SAS-TF1 Films productions

M. Nobody

Le cas Besson est un cas d’autodidacte. Luc Besson avant Luc Besson était un jeune homme sans famille de cinéma et sans diplôme. « Je suis entré dans le cinéma par la toute petite porte, comme stagiaire sur un court-métrage », raconte celui qui a ouvert sa propre école dans sa Cité du cinéma à Saint-Denis. « L’apprentissage a été long et difficile. J’ai servi des litres de café, photocopié un nombre incalculable de documents et porté des tonnes de matériel. Un travail parfois pénible et peu valorisant, mais je ne remercierai jamais assez tous ces techniciens qui, avec patience et bienveillance, m’ont appris le métier. »

Après des stages comme assistant réalisateur, il réalise en 1981 son premier court métrage L’avant dernier , dont l’intrigue sera développée pour son premier long-métrage.

Le millionnaire

Le cas Besson est un cas de popularité sans égale : une collection de cartons au box-office. Luc Besson n’a pas 25 ans quand il signe son premier film, Le Dernier combat , en 1983. Avec pas loin de 280 000 entrées, il se fait remarquer. Deux ans plus tard, c’est l’ascension par la voie souterraine d’un film dans le métro : Subway , passe le portique de près de 3 millions de tickets en France et empoche 390 659 $ aux États-Unis.

Besson est prêt pour la success story, les films multimillionnaires devenus depuis des classiques : Le Grand Bleu, Nikita, Léon, Le Cinquième Élément, Jeanne d’Arc, Arthur et les Minimoys. Dans les années 1990 et 2000, il est au sommet. En panne d’inspiration au début des années 2010, il fait un hit en 2014 avec Lucy, 52 millions d’entrées monde.

L’ami américain

Le cas Besson est un cas de superstar à l’export. Avec sa major, EuropaCorp, il formate ses films en purs divertissements, façon blockbuster hollywoodien. Les stars sont au générique : Mia Farrow, Madonna, David Bowie dans Arthur ; Scarlett Johansson dans Lucy ; Cara Delevingne, Dane DeHaan, Rihanna, Herbie Hancock dans Valérian.

L’anglais est la VO de son succès international. En 2015, la ministre de la Culture a même changé la loi, poussée par par le réalisateur, en généralisant le taux de 30 % de crédit d’impôt pour les films tournés en France mais en langue étrangère.

Le business man

Le cas Besson est un cas d’école de business cinématographique conquérant. Après Hollywood, son nouveau monde est la Chine. Le groupe chinois Fundamental Films est depuis novembre le deuxième actionnaire d’EuropaCorp. Dans l’Empire du Milieu, deuxième billetterie mondiale avec 35 000 écrans, le Français est déjà une star auprès d’un public jeune qui raffole des blockbusters américains.

Quand il n’est pas réalisateur à succès, ou scénariste plus ou moins inspiré, Luc Besson est un producteur heureux, avec les franchises populaires à succès comme Taken ou Le Transporteur. Il prend aussi des risques, comme avec Saint Laurent de Bertrand Bonello, film d’auteur, en compétition à Cannes en 2014.

L’incompris

Le cas Besson est le cas d’un mal-aimé. En 1988, Le Grand Bleu était hué à Cannes. La critique l’adore rarement, l’abhorre souvent, lui reprochant ses scénarios impersonnels, ses univers marketés, ses emprunts grossiers. Ses rapports avec la presse sont compliqués. Génie ou imposture, ça balance. Sorti vendredi aux États-Unis, Valérian a divisé la critique américaine. Et pour son premier jour d’exploitation sur 3 553 écrans, il n’est arrivé qu’à la troisième place du box-office US, derrière Dunkerque et la comédie Girls Trip. Après 17 films et 12 nominations aux César, Luc Besson n’a remporté que la statuette du meilleur réalisateur pour Le Cinquième élément. C’était il y a presque vingt ans.