Sauver les bouquinistes, un enjeu de civilisation !

Sauver les bouquinistes, un enjeu de civilisation !

Lancée le
3 juin 2020
Adressée à
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Pourquoi cette pétition est importante

Lancée par Cloé Artaut & Grégoire Cazcarra

Signez cette pétition pour manifester votre soutien aux bouquinistes ! 

Depuis le 17 mars, nous vivons une période inédite de notre Histoire, qui se poursuit malgré la fin du confinement. Les victimes du coronavirus se comptent par dizaines de milliers.

Économiquement, ce sont des millions d’emplois que cette crise va décimer. Les tribunes se multiplient d’ailleurs depuis plusieurs semaines pour défendre tel secteur ou telle entreprise.

Mais en prenant à notre tour la plume, nous voulons faire entendre des voix qui ne s’exprimeront pas sur les ondes télévisées ou qui ne « tweeteront » par leur désarroi sur les réseaux sociaux.

Nous voulons vous parler de femmes et d’hommes que vous n’avez peut-être jamais rencontrés et qui, pourtant, occupent dans l’imaginaire collectif une place singulière : les bouquinistes de Paris.

Leur histoire est une véritable épopée, entamée il y a bientôt cinq siècles. Dès 1620, on en dénombre une vingtaine regroupés sur le Pont-Neuf. Plus tard, suite à l’aménagement des quais par Napoléon, les bouquinistes s’emparent des parapets. Inscrits au patrimoine culturel immatériel français depuis février 2019, ils demandent aujourd'hui à intégrer le Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.

Mais en dépit de cette reconnaissance symbolique, les bouquinistes, osons le terme, meurent. Ils meurent en silence, loin des caméras et de l’attention médiatique. Et nous les laissons mourir.

Ce n’est pas la première fois qu'ils sont en danger de mort. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les pouvoirs publics leur imposent à de multiples reprises l’interdiction temporaire d’exercer leur profession sur les berges de la Seine, à coups d’ordonnances. Mais à l’époque, les bouquinistes étaient soutenus, aidés, portés par le public qui réclamait leur retour, arguant dans l’une de leurs « requestes » frondeuses « qu’ils rendaient plus beau le passage ».

Sauf qu'aujourd’hui, qui prend leur défense ? Qui appelle à les soutenir ? Qui se mobilise pour leur survie ?

Ainsi que l'écrivait Léon-Paul Fargue : « La gent bouquiniste est la seule qui ne soit ni organisée, ni syndiquée, qui ne donne aucun bal, aucun banquet annuel. Elle vit de rumeurs intellectuelles, de poussières d’idéal et d’indifférence ». Elle vit, surtout, de la confluence des esprits de ces passionnés de littérature qui, même à l'ère de l’immédiateté, cherchent encore entre les pages jaunies par les siècles un peu de sens et d’éternité. 

Aujourd’hui plus que jamais, le choix qui s’offre à nous, à nous tous, jeunes et vieux, Parisiens ou non, véritables bibliomanes ou lecteurs occasionnels, est un choix de civilisation.

Nous pouvons continuer, par notre indifférence, d’abandonner ceux qui depuis si longtemps n'ont eu de cesse de placer l'amour des lettres au-dessus de leur propre condition matérielle. C’est la solution de la facilité et sans doute hélas ce vers quoi, irrémédiablement, tend notre époque.

Ou alors, nous pouvons faire un autre choix. Celui de la résistance. Celui de l’irrévérence. Celui de la rébellion contre une société ne jurant que par la viralité du numérique, qui par son attrait maladif pour la nouveauté en devient amnésique et néglige son passé.

Nous pouvons choisir de semer des « poussières d’idéal » pour faire perdurer, contre vents et marées, une tradition cinq fois centenaire. 

Alors, amoureux des livres, de Paris ou d’ailleurs, dès que les conditions sanitaires vous le permettront, par pitié : flânez ! Baladez-vous sur les Quais de Seine, arrêtez vous un instant pour observer ces véritables étendages de civilisation que sont les célèbres boîtes vertes et laissez vous séduire par l’appel chaleureux des milliers de livres qu’ils renferment. 

Ces bouquinistes, que Léon-Paul Fargue, en Piéton de Paris, décrivait comme les « êtres les plus délicieux que l'on puisse rencontrer », prenez le temps de les écouter. Irréductibles passionnés et savants cultivés, on en compte environ 230 aujourd’hui le long des quais, toujours enclins à transmettre les connaissances et la mémoire dont ils sont les fiers gardiens. Tendons l’oreille et renouons avec l’enthousiasme de ces dialogues improvisés, que nos sociétés teintées d’individualisme occultent trop souvent, et dont la crise actuelle nous rappelle à quel point ils sont précieux. 

Originaires de Bordeaux et Sanguinet, dans le Sud-Ouest de la France, nous ne sommes pas Parisiens. Pourtant, le sort des bouquinistes nous affecte directement.

Parce qu’il ne s’agit pas que de Paris, mais d’une certaine idée de la France : libre, romantique, littéraire. Cette patrie des Lettres que nos voisins regardent avec admiration, cette terre des Lumières qui ont longtemps illuminé le monde entier : son avenir et sa postérité sont aujourd'hui entre vos mains, et dans vos portefeuilles. 

Sauver les bouquinistes des Quais de Seine, c’est renouer avec notre identité millénaire de peuple littéraire et réaffirmer notre volonté de former cette « communauté de rêves » dont parlait André Malraux.

L’avenir nous dira quels desseins le Covid-19 leur réserve. Mais quoi qu’il advienne, une certitude, autant qu’une conviction, demeure : il restera toujours, aux quatre coins de la France, du coeur de Paris au village le plus reculé, des passionnés anonymes et isolés pour porter leurs idéaux et faire perdurer leur héritage. 

Et s’ils devaient mourir quand même, si cet appel ne devait être qu’une supplique inaudible, noyée sous le bruit intempestif des polémiques stériles qui saturent les médias, alors pourtant, non, tout ne sera pas perdu.

Car en mourant, ces « braves marchands d’esprit » comme les appelait Anatole France, lui qui fut élevé au milieu d’eux sur le Quai Malaquais, pourront affirmer dans une ultime réplique empruntée à ce Cyrano de Rostand que même les touristes étrangers leur réclament :

« Surtout,   

… Il y a malgré vous quelque chose.

Que j'emporte, et ce soir, quand j'entrerai chez Dieu,

Mon salut balaiera largement le seuil bleu,

Quelque chose que sans un pli, sans une tache,

J'emporte malgré vous,

Et c'est....

Mon panache. »

Un appel à l'initiative de :

- Cloé Artaut : étudiante, 19 ans, coordinatrice locale des Engagés Bordeaux

- Grégoire Cazcarra : étudiant, 20 ans, Président-Fondateur du mouvement citoyen Les Engagés !

- Avec le soutien de l’Association culturelle des bouquinistes de Paris et de son président Jérôme Callais

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